•  D'abord très influencé par le style documentaire des Becher, il réalise des clichés en noir et blanc reproduisant de grandes villes désertées. Son travail acquiert de l'autonomie avec ses portraits monumentaux de personnes anonymes, dénués d'expression, et pourtant ses amis de l'Académie de Düsseldorf. Ces portraits suggèrent alors que l'image photographique est incapable de représenter la vie intérieure d'un sujet, que la technique est toujours une manipulation.
    Une autre série, Haus (Maisons), commencée en 1987, s'inscrit dans la même optique, une photographie objective et distanciée représentant des blocs d'immeubles gris de la période de l'après-guerre.

    Au début des années 90, son travail prend une orientation politique en s'inspirant des images de la guerre du Golf. Pour Nacht (Nuit), il photographie des paysages nocturnes et urbains baignés dans une lumière verte, rappelant les caméras de surveillance utilisées par les militaires. Il ne cesse de s'interroger sur ce que peut véhiculer une image au-delà de la perception rétinienne, recourant de plus en plus souvent à l'image numérique collectée sur l'infinie banque de données d'images fournie par Internet -  Nudes (Nus), 2000 et Substrates (Couches inférieures), 2003.

     Reprenant les codes de la photographie d'identité, il traite le portrait de manière documentaire et objective. L'éclairage est diffus éliminant les ombres, le point de vue est frontal, la composition symétrique et centrale. L'attitude du modèle est insignifiante et toute émotion y est systématiquement gommée. Ruff parvient à faire de la figure humaine un module minimal, un objet à la surface lisse comme la photographie. Ces images ne livrent rien de plus que leur propre réalité, l'image d'une image.

     Ruff affirme l'incapacité de la photographie à capturer le réel. Il en souligne un des paradoxes en posant la question : Qu'y a-t-il au delà de l'image ? En effet, la photographie est considérée comme l'image analogique de la réalité qui ne parvient pas à rendre le réel. Ainsi, en choisissant ses modèles parmi ses amis de l'Académie de Düsseldorf, ici une étudiante devenue artiste, il évacue toute trace de cette relation en réalisant un portrait anonyme. www.cnac-gp.fr

     

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    www.johnen-schoettle.de

    www.artnet.com

    www.goethe.de

     


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  • Connue pour ses séries photographiques et ses films au climat étrange, souvent d'inspiration autobiographique, Tracey Moffatt explore les liens entre la mémoire aborigène et le colonialisme blanc, entre l'identité et l'aliénation, accordant aussi une grande place aux thématiques féministes. Ses films sont très oniriques, leur forme extrêment libre a fait de Tracey Moffatt la représentante la plus incisive du cinéma australien d'avant-garde. www.centreimage.ch

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    www.roslynoxley9.com


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  • Noritoshi Hirakawa est connu principalement pour son oeuvre photographique controversée en raison de l'omniprésence des thèmes de la sexualité et de la mort. Il étudie d'abord la sociologie, l'anthropologie et la psychanalyse à l'université et ne se consacre aux arts plastiques qu'à partir de 1988, à l'âge de 28 ans. Loin d'être anecdotique, cette information est assez éclairante sur son oeucre.

    En effect, le véritable objet du travail de Noritoshi Hirakawa est l'inconscient collectif et les limites de nos systèmes culturels. À partir de ses réflexions sur nos sociétés, utilisant tous les médias à sa disposition (installations, son, vidéo...), il cherche à élargir les limites de notre perception que nous savons être déterminée culturellement et sociologiquement. Plaçant toujours le spectateur dans une position inhabituelle, le confrontant à des situations apparemment innocentes qui cachent des transgressions presque inacceptables, il l'oblige à prendre la place active de l'expérimentateur. Toujours liées à une temporalité, à un lieu, à un environment culturel et sociologique qui sont ceux du spectateur les oeuvres de Noritoshi Hirakawa font du public leur sujet principal. www.insituparis.fr

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    © Noritoshi Hirakawa

    www.deitch.com

    The Reason of Life

    Shower in The Dark

    www.florencelynchgallery.com

    www.artnet.com

     


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  • www.karimacherif.com


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    A la fin des années 60, Bill Owens travaille comme photographe pour The Independent de Livermore. Il parcourt les quartiers de la middle class californienne, rencontre des centaines de familles, photographie leurs intérieurs et recueille leurs paroles durant deux ans. Ce reportage aboutit en 1972 à l'édition d'un album qui deviendra culte aux Etats-Unis, Suburbia, quand le rêve américain se réalise sous vos yeux. Dans des décors kitsch, on assiste à l'apothéose de la vie quotidienne, alliant l'expansion des techniques et des images à l'abondance des biens et des services.

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    Une réunion Tupperware fait le bonheur d'une maîtresse de maison qui explique que c'est l'occasion de parler avec ses amies tout en gagnant du temps et de l'argent qu'elle entend faire partager. Un jeune couple parle de ses habitudes sexuelles et de la nécessité d'une libération. A Los Angeles un homme d'affaire à l'aise s'étire dans son bureau, téléphone en main sur fond de mégapole et de buildings conquérants. Dans leur intimité, les trois communautés traversées livrent une vision positive et dynamique de la société. L'utopie réalisée de la modernité se matérialise dans un idéal de confort et de conformisme. Comme dans les films, la banalité est merveilleuse. 

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    De Santa Barbara à Disneyland, la Californie reste le pays des paradis artificiels. Mais la fiction devient une réalité qui en cache une autre, de l'uniformisation à l'indifférence. Les photographies de Bill Owens reflètent cette société idéale où la crédibilité sociale repose sur des illusions devenues effectivement réelles. Un de ces clichés est exemplaire de cette simulation donnant au factice l'apparence du vrai, la copie d'un Van Gogh accrochée sur un mur en fausses briques surplombe une télé au moment où le président Nixon démissionne. Comique de la situation et tragédie du spectacle, en pleine guerre du Vietnam, l'Amérique extravertie et libérée triomphe pour le meilleur et pour le pire.

    Entre les simulacres, l'organisation morale et le capitalisme accompli, les Etats-Unis semblent oublier le sens et l'histoire. Toujours d'actualité, l'esthétique séduisante des photographies d'Owens fait rêver, elle correspond à un monde virtuellement libéré, mais sans complaisance, elle met aussi en spectacle l'envers du décor, "le moment où la marchandise est parvenue à l'occupation totale de la vie sociale". Céline Mélissent. www.fraclr.org

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    © Bill Owens

     

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    www.billowens.com

    www.kochgallery.com

    www.gregkucera.com

     


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